LES
TOPONYMES D'AIGUEPERSE L'étude
des noms de lieu, la toponymie,
est une science qui n'est pas toujours facile à
utiliser, au vu des différentes hypothèses que
nous pouvons établir à propos de l'origine
d'un nom. Aigueperse
: La
plus vieille mention d'Aigueperse, figure dans
l'acte de fondation du chapitre de la ville par les
Vi-Comtes de Thiers alors seigneurs du lieu en l'an
1016 ; AQUAE SPARSAE, les eaux
éparses, qui sourdent de tous
côtés. Aigueperse
pourrait provenir aussi des eaux perses, des eaux
de couleurs bleue irisée, d'où la
mention "AQUAE CERULAE", dans un acte du chapitre
d'Artonne en 1150. Mais, il s'agit plutôt de
la mauvaise transcription d'un clerc qui avait
traduit la français "perse", par le latin
"cerulae". Aile
: Du
bas latin, alaria : endroit planté
d'ail ; Âne
: (Sentier
des ânes), figurant au Cadastre en 1840,
indique un sentier en pente. La côte des
ânes est la partie supérieure de la
route d'Aigueperse à Vensat.
L'activité des carrières de pierre et
leurs charrois, dans ce secteur, est
peut-être à mettre en relation avec ce
lieu-dit. Ancien
français, XIIème,
XIIIème siècle = une
clôture, une
barrière La
Borne : Du
latin, borne : la source Les
Buissons : Latin
bosius : bois. Désigne un bosquet ou
une famille. Le
Buron : Du
pré latin, aron : eau courante et de
burg : le bourg fortifié Le
ruisseau : La
rivière du bourg qui remplissait les
fossés de la ville d'Aigueperse. Les
Cerais : De
serre : la colline allongée ou
cerisier : cerisier. Champ
Belin ou Chamblin
(cadastre
de 1840)
: Le
champ de la famille Belin, ou de la divinité
celtique Belenos. Champ
Chapitre : Une
terre qui appartient au Chapitre de
l'église. Champ
de la Chave : Du
patois chaver : creuser. Des chaves
indiquaient des carrières, des lieux
d'extraction de la pierre à chaud. Champ
de l'écluse : Le
passage à gué. Champ
Gaillard : Un
nom de famille ou de "galis" ancien
français qui signifiait glacis, talus Champ
Graveron : Du
grava petite pierre, le champ des
graviers. Champ
Guillaume : Nom
de famille Champ
Paret : Le
champ de la famille Paret, ou champ du pavé,
du rocher. Champ
du premier pont : L'endroit
où la route enjambait le premier ruisseau
rencontré en sortant de la ville en
direction du Sud. Champ
de cocu (ou coucou) : Bien
sûr, il peut s'agir ici d'explications
simples, soit l'oiseau, soit la fleur. Chantelauze
: cante
alauze, de alaude, l'alouette ; le champ de
l'alouette. La
charrière basse (et étang
Bazin) : Entre
Chazelles et Aigueperse, un endroit où le
chemin passait dans un point "bas", humide, avec la
proximité d'un ancien
étang. La
Chaussade : Très
importante tour et porte fortifiée au sud de
la ville. Chaussade vient probablement du fait que
la route au sortir d'Aigueperse était bien
aménagée, surélevée,
c'était une belle
chaussée. Chazelles
: Formé
sur casa = la maison en latin, casa-ella
c'est à dire la (ou les) petite (s) maison
(s). Champs
aux Chevreuils, aux Chevrils : Situés
vers le Pré-Monsieur, viendrait de
chèvre - ville, de "capraa"
chèvre et "villoré" ferme. Le
Clos Clidor : Viendrait
de "Cléda" la claie, donc une ou des
propriétés entourées de
claies, de clôtures. Lo Clhedo : en
patois limagnais, clôture mobile faite de
branches entrelacées. Le
Colombier : Ancien
fief mentionné dans le quartier de la ville
neuve d'Aigueperse en 1571. Le latin "Colombarium"
indique souvent une nécropole. Coreil,
ou la Coreille : (domaine)
Merlin de Cordebuf, Seigneur de Coreil
était officier royal en 1430, Coreil
signifie, la clairière, ou le champ
de coudriers (noisetiers) "Corylus" en
latin. Clos-Henry
: Le
champ d'une famille Henry. Les
Cornes : Du
latin cora : la hauteur ou les Cormes venant
de cormier, signifiant le sorbier, donc un endroit
planté d'arbres, de sorbier. (domaine)
Viendrait de Dimanchin, dîme de dimanche, un
bien indominicatum. C'est à dire une
ancienne propriété foncière
seigneuriale (mansus dominicatus ou indominicatus)
ou bien d'église "indominicatum". Au
Xème siècle le travail
servile (mancipia) fut remplacé par les
corvées des tenanciers des manses sur
"l'indominicatum". Enclos
de l'hôpital : Vaste
terrain clos de murs contenant l'hôpital et
ses vergers et potagers du
XVIIIème
siècle. L'Envie
: Vient
de "in viae", à l'intérieur ou
entre des voies, des routes. La croix de l'Envie
est à l'angle de la propriété,
situé entre le route de Vensat, et le chemin
de l'Envie. Étang
Bazin : Situé
vers le point le plus bas de la commune, c'est un
ancien étang, appartenant à une
famille BAZIN, ou alors, un double nominatif
déformé : l'étang
Bassin. Font
Barra : La
fontaine barrée, un passage sur un petit
cours d'eau, en allant d'Aigueperse à
Bens. Font
Froide : Source
d'eau très fraîche, coulant en
abondance' été comme hiver,
captée profondément. Le lavoir de
Font-Froide (1)
est au sud d'Aigueperse entre la route de Chazelles
et la R.N. 9. Font
Jeanne : La
fontaine jaune par le fait de dépôt
d'argile jaunâtre ; ou la Font jeune, de
captage récent. Font
Machebaux : Provient
de massabuau : "tue-buf" La
Garguette : Peut
venir de gardette, le petit poste de garde, de
guet. Mais vient probablement de gargouiller ou
gargotter, synonymes de bouillonner. C'est un
endroit humide où l'eau minérale
arrive en surface. La
Gillarde : Domaine
de la famille GILHARD. Les
Granges : (domaine
des), ancien fief ; Guillaume DE SIRMOND, Seigneur
des Granges au 16ème
siècle. Le nom provient du latin "granica" =
graine ; il s'agit donc de fermes, avec une
possibilité d'Hostellerie (la grange =
l'abri). Les
Guelles, ou la Guiole, ou les Guilles
: Ancien
fief, Étienne Coyffier Seigneur de la Guesle
à la fin du XVème
siècle. Guelle indique un
étang. L'Hôpital
: C'est
le quartier où se situait l'ancien
hôpital, connu depuis le
XIVème siècle dans le
faubourg St James, avant l'hôpital actuel
XVIIIème. Les
trois journaux : Pré
d'une superficie de trois journée signifiant
que sa surface correspond à trois jours de
fauche pour un homme. 750 toises, près d'un
hectare. Julliat
: Peut
provenir de Julius acum, la propriété
d'un certain Julius, ancien domaine gallo romain ou
mérovingien. La
Justice : Endroit
où se tenaient les plaids seigneuriaux ;
situé à la limite de la commune au
sud, le long de la route royale, le lieu
était souvent agrémenté d'un
pilori ou d'une potence. Les
lassoux : Formé
de l'article défini féminin pluriel
"las" et de l'ancien provençal
"sot" signifiant truie ; ce nom indiquerait
dons des porcheries. La
Litte Sauvage : Vient
de litter Salvus, le chemin boisé, ou le
chemin en bordure de forêt. Maison
- Rouge : Première
maison des faubourgs de la ville en venant de
Gannat, à l'angle de la route actuelle de
Montpensier, la couleur doit indiquer une
construction en briques rouges. La
Mange : Viendrait
de "domanges", le domaine religieux, un bien
indominicatum cf
: DINCHIN. La
Manne : De
manere = demeurer, indique une manse, une
unité d'exploitation agricole, un petit
domaine. Martinchon
: A
rapprocher de martinèche, des marais
essartis, c'est à dire une zone humide, en
culture. Montille
: Un
mouvement de terrain, une colline
boisée. Montussant
: Ou
Montussant, de montis sanctus, le mont saint
? Murs
(derrière les murs) : Désigne
des parcelles situées derrière un
enclos ou derrière les pans de murs d'une
maison en ruine. Ce toponyme permet souvent de
situer l'emplacement d'une ferme aujourd'hui
disparue. Nantillat
: Ancien
fief, avec moulin, sur l'ancienne route d'Artonne
à Aigueperse. Nous trouvons aussi la forme
Lantillac ou Lentillat, dans les documents les plus
anciens. Vient de Lantillacum,
propriété Lentillus ? Ouilles
(faubourg des ouilles) : Désignent
les brebis, c'est la possibilité d'un
marché aux ovins à la porte du bourg.
Ou provient de Oulle : la marmite en terre, la
poterie, des ouliers, des potiers auraient
travaillé dans ce quartier. Pain-Béni
: Probablement
un bien d'église, peut-être
donné en ferme contre le service du
pain-béni. Palma
: Variante
patoise de la paumée, la "palmée", le
coup donné dans la main pour conclure un
marché ; ou bien provient encore de la forme
latine Palmacum, propriété
gallo-romaine d'un certain Palmuis. Il faut
signaler qu'à cet endroit, d'importantes
fouilles gallo-romaines ont été
effectuées à la fin du
19ème siècle,
révélant un riche habitat
antique. Le
Patural : Un
secteur de prés, réservé
à la pâture des animaux. Le
Pavet (ou Pont Chabrier) : Le
pas vieux, l'ancien passage, devenu aussi le pont
du chevrier ou chabrier, le gardien de
chèvres. Pérozier
(ou Persier) : Le
puy de Pérozier, est la colline au Sud de la
commune, en bordure Est, de la R.N. 9 ; le nom est
proche de "Perouse", les ou la pierre (s) rouge
(s). Peyron
(le) : Un
toponyme en rapport avec la route, un empierrement
caractéristique. Or, ce nom indique un
endroit au nord-ouest du domaine de la Mange,
où passe une importante voie
antique. Pibord
: De
piboula, un site avec des
peupliers. Pont
Bizot : Un
pont de couleur bise, terme désignant une
couleur gris-brun, au moyen-âge et à
la renaissance ; ou un endroit très
venté, par le vent du nord, la
bise. Pont
de Neuvialle : De
nova-villa ; la nouvelle ville ? ou
plutôt la nouvelle-route :
nova-via. Pré
Bailly : Le
pré appartenant à un bayle, officier
de justice du Roi, ou un pré qui fut
baillé, ou loué. Pré
de la Barre : La
barrière. cf
La
Barre Pré
Chatard : Nom
de famille. Pré
des Corps : Du
latin corvus le corbeau, le pré des
"corre", des corbeaux. Pré
Culhat : Culius-acum
; c'est le nom d'une ancienne et importante famille
d'Aigueperse, qui a marqué la vie de la
cité, ou du latin culio
altération de coleus, l'enveloppe verte, la
cosse, la noix. Pré
Greffier : Un
pré appartenant à un homme
travaillant au greffe de justice (?) ; ou un nom de
famille. Pré
Monsieur : Ancien
pré tracé par Monsieur, frère
du Roi Louis XIV ; Duc de Montpensier, à la
suite de l'héritage de sa cousine germaine :
la Grande Demoiselle (1685). Pré
de la Mothe : Toponyme
encore présent dans le cadastre de 1826,
indiquant une parcelle touchant le domaine de la
Barre. La forme des parcelles, et l'ancien
réseau du chemin, indiquent en ce lieu la
présence d'une ancienne motte féodale
sur l'ancien chemin d'Aigueperse à
Artonne. Pré
Pontin : Pré
situé près d'un pont, au bord d'un
ruisseau. Pré
du Rat : Le
rat, en patois, ou le nez, c'est la rase, le
fossé d'irrigation. Pré
Vacheron : Pré
des vaches, ou celui d'une famille Vachon ou
Vacheron. Ramages
(les) : Les
rameaux, un site boisé. Pérignat
(rase de) : Un
ancien domaine gallo-romain, appartenant à
un certain Perinus ? Rigole
(la) : Il
s'agit de la ferme située à gauche,
en venant d'Aigueperse au sommet de la côte
de Montpensier. Ce nom curieux pour un sommet de
colline sans eau, absolument sec, s'explique par le
fait qu'en 1627, le Marquis d'Effiat Antoine
Coiffier, a aménagé un aqueduc
souterrain afin d'approvisionner en eau ses douves
du château d'Effiat. Cet aqueduc captait des
sources à Chaptuzat et à Montpensier.
Des puits installés sur cet aqueduc
permettent l'alimentation en eau des fermes qui
sont établies sur son trajet, et à
cet époque les documents de ces travaux
parlent de la Rigole. La
Rone : Déformation
de rome, ou la rodde la roue. Roussel
: Relatif
à la couleur rouge, s'agissant d'une ferme
isolée, près d'une importante voie
antique ; il est fort probable que l'aspect ancien
du domaine, était rouge, grâce aux
tuiles, ou aux briques des murs, servant ainsi, de
repère coloré pour les usagers de la
voie de passage. Saint-James
: Quartier
du bas de ville, au sud du bourg, hors les
remparts, du côté ouest de la grande
rue. Ce nom provient d'une anglicisation de
Jacques. Les Aiguepersois désignent sous ce
vocable une curieuse statue située dans une
niche de pierre prise dans une maison de la grand
rue au n° 7. Les
Saussons : "saussé",
forme régionale de saule ; un endroit
planté de saules, une saulaie, dans un lieu
humide. La
souche : Lieu
défriché où il reste encore
des souches. La
Thioleyre : Ou
la tiolière, l'endroit où l'on trouve
des tuiles ; soit une ancienne tuilerie, soit les
traces d'un habitat disparu. La
Vertigotte : Peut
provenir de vert, le vert, le verne (l'aulne) ; ou
l'ancien français vertir
(XIème siècle) signifiait
tourner, retourner ; vertigotte étant une
forme de diminutif : le petit verne. Le
Vignoble : Le
terroir à vigne, on trouve souvent le terme
"vigneaux" ou "vignot", de l'occitan vinha : la
vigne, et du latin vinea : le vignoble. Le
creux Bartelot : A
l'est de la R.N. 9, au pied du puy de
Pérozier, l'endroit était
réputé pour son humidité,
avant les drainages modernes. La
croix Saint-Jean : Cette
croix, aujourd'hui disparue était
située après le pont SNCF sur la
route de Vichy, au sommet de la petite côte
sur la gauche. Fixée sur un bloc de calcaire
cylindrique, elle avait donné son nom au
lieu, sur un chemin probablement antique qui domine
les environs. Le
Tonkin : Parmi
les plus récents toponymes, cette
appellation fixe à jamais l'ancien
dépotoir municipal, situé sur la
route d'Artonne. Il ne faut pas bien entendu,
rechercher là une origine gauloise ou
médiévale mais plutôt penser au
souvenir d'un personnage marquant qui aurait fait
campagne à Saïgon, ou bien encore,
l'assimilation de la végétation
inextricable et abondante qui régnait sur
l'endroit, à la jungle
Indochinoise.
Cependant,
une bonne connaissance du terrain, de la vie rurale et de
l'histoire en général, permet d'obtenir de
très intéressants renseignements sur le
passé de nos terroirs*.
ou lo allis : les champs alignés
;
ou aqualia : les champs humides ;
ou la déformation d'alleu : les
terres franches, indépendantes de toute
seigneurie.
Barre = faubourg, porte d'une ville ou d'un
bourg
Barradis = palissade.
bourna : ruche à miel
Ce terrain étant traversé par une
voie Antique qui fait limite de commune à
l'Ouest, il s'agit peut-être d'une ancienne
borne militaire.
(rivière)
Du bas latin burgua
ou de Calvus : chauve, de la
clousa.
ou de "galière" le bois ou les
taillis.
ou Guillaume de Thiers, seigneurs d'Aigueperse
XIe
ou Guillaume de Marillac, secrétaire du duc
de Bourbon
ou un de ses fils.
Guillaume étant un nom très
répandu au Moyen-Âge.
Les fermes aux chèvres possibilité du
champ des chevriers ou chanvriers de ceux qui
cultivent le chanvre. Nous possédons la
même explication, pour la rue aux Chevrils
qui est située au Sud de la grande halle aux
Chevrils qui est situé au sud de la grande
halle aux grains.
Ou provient du germanique manda indiquant un
poste à péage.
Ou manno, le domaine de, indiquant un
ensemble de terres précis appartenant
à un seul propriétaire.
*
R. BOUSCAYROL,
historien et archéologue a
analysé les toponymes de plus de cent
communes du Puy-de-Dôme. Il a publié
son étude dans "Les Amitiés Riomoises
et Auvergnates" : n° 37 et 38 - RIOM 1972
-
Association
culturelle
d'Aigueperse,
SPARSAE n°3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11,
12.
Note
de l'Auteur : (1)
Ce beau lavoir est actuellement en si piteux
état, qu'il est condamné à
disparaître d'ici quelques années si
aucune mesure n'est prise rapidement.