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La
tour carrée couronnant la portique
d'entrée
de l'Hôtel
de Ville
a été construite de 1794 à 1798
ainsi que deux pavillons qui lui sont annexés.
Cette tour fut bâtie spécialement pour
recevoir une horloge acquise comme bien national et qui
provenait de la Chartreuse de Port-Sainte-Marie,
près de Pontgibaud (63), où la ville
d'Aigueperse en fit l'acquisition en 1791, lors de la
démolition de ce couvent.
L'horloge
actuelle actionne trois jacquemarts.
Celui qui est devant est chargé de sonner les
quarts et les demies sur les deux petites cloches ; les
deux autres, armés d'un fort marteau, frappent
à tour de rôle sur la grosse cloche, pour
sonner les heures.
Le
mécanisme de l'horloge porte la date de 1771. Il
n'aurait servi que 20 ans à la Chartreuse de
Port-Sainte-Marie. Cet ensemble, une merveille de
mécanique, emploie le fer, le bronze et le bois.
Il comporte trois mouvements :
- le
premier actionne les aiguilles des deux
cadrans,
- le
deuxième commande la sonnerie des quarts et des
demies avec deux timbres de cloche,
- le
troisième se met en marche pour sonner les
heures.
Les
moteurs de ces trois mouvements sont des poids qui
à l'origine étaient en pierre et en plomb.
Ils ont été remplacés en 1978, par
des cylindres métalliques afin d'être mieux
tarés, qui pèsent environ 300 kg
chacun.
Le
remontage qui se faisait lorsqu'ils étaient
à simple tirage; tous les deux jours et demi, se
fait maintenant qu'ils sont suspendus par deux filins;
tous les cinq jour. Chaque remontage nécessite un
quart d'heure de travail et de bons biceps !
Le
balancier mesure 9,60 mètres de long, a une
amplitude de 64 cm et bat 10 fois par minute. Ce
mouvement très lent, assure au mécanisme
une marche très régulière.
Le
mécanisme est installé à
l'intérieur du beffroi, à hauteur des
cadrans. Au dessus est construit le campanile qui abrite
:
- les
figures automates, au nombre de trois, costumé en
apôtres : deux sonnent les heures alternativement,
une sonne les quarts et les demies en tirant sur des
cordes.
- les
cloches : la plus grosse sonne les heures. Elle est
datée de 1509, et pèse environ deux
tonnes.
- La
restauration du beffroi
En
1978, ce remarquable ensemble se trouve dans un état
lamentable :
- la
végétation parasite disjoint la
maçonnerie du beffroi, les pierres de taille sont
grises de poussière,
- il ne
reste plus rien du cadran solaire,
- le
mécanisme ne marche plus depuis 20
ans,
- le
campanile commence de se vriller sur ses quatre piliers
et menace de s'écrouler.
- La
restauration décidée par la
municipalité est réalisée en
1978.
La
maison UNGERER de Stasbourg restaura le mécanisme,
les figures d'automates, les deux cadrans, ainsi que le
cadran solaire.
L'entreprise BOURGEOIS de Lyon, reconstruisit presque
complètement le campanile en lui donnant la
même forme que celui du beffroi. Dans le même
temps, les pierres de taille sont sablées et
rejointes.
L'horloge est classée monument historique.
Les
Jacquemarts, chers aux curs des habitants
d'Aigueperse,
dont ils scandent harmonieusement tous les quarts
d'heures la vie de tous les jours, remarquables, par leur
architecture et par la qualité du mécanisme
qui les composent, admirablement restaurés,
constituent l'un des plus beaux monument de notre
ville.
Source
: SPARSAE, Pierre
LACOUR,
Association Culturelle d'Aigueperse.
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A la
découverte des Jacquemarts
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Associé
dès l'Antiquité à l'horloge à
eau (clepsydre) ou au cadran solaire, l'automate trouve, au
XIVe siècle, avec l'essor de l'horloge
mécanique monumentale une expression
privilégiée au cur des villes : le
jaquemart, "figure de fer, de plomb ou de fonte qui
représente un homme armé que l'on place sur le
haut d'une tour pour frapper les heures" selon le
Dictionnaire de l'Académie.
La plus ancienne de ces horloges à automates
fût construite en 1351 à Ovieto en Italie. Un
homme de bronze d'environ 1,65 m frappait les heures
grâce à un système de leviers
reliés à un mécanisme à poids.
Une incarnation du temps qui connaîtra une diffusion
rapide en Europe. On trouve des traces de Hans en Allemagne,
Jean en Flandres ou Jack'O Clock en Angleterre.
L'horloge
à jaquemart : "Faire
entendre le temps"
Le Moyen-Age avait conservé l'usage antique de
journées de 24 heures qui variaient selon les saisons
(une heure du jour longue en juin mais courte en
décembre). L'horloge mécanique d'origine
monastique et son principe de "l'échappement" (c'est
à dire le contrôle de "l'échappement" de
la force motrice vers l'horloge.) vont bouleverser cette
notion d'un temps coulant sans interruption.
Désormais l'horloge, l'automate, en plein cur
d'un monde urbain, égrènent
régulièrement les heures et donnent à
entendre un temps rythmé par le bruit d'une
machine.
Comment
s'effectuait l'animation des personnages
:
"Les bras de leviers étaient solidaires des rouages
de l'horloge. A chaque heure le passage d'un cran
déclenchait l'action d'un contre-poids qui faisait
pivoter un grand axe vertical. Cette tige dissimulée
dans les jambes du jaquemart comportait différents
leviers dont le déplacements entraînait de
petits gestes des bras ou des petits mouvements de
tête. Un marteau dans la main frappait la cloche de
bronze" (Chapuis et Gélis, "Le Monde des Automates",
étude historique et technique", Éditions du
Griffon, 1928)
Le
jaquemart :
incarnation du mystère religieux du temps
Ces personnages étaient installés au sommet de
tour-horloge pour saluer Dieu et souligner les aspirations
de l'homme vers le ciel. Seuls, au départ, ils
évolueront avec les années dans de
véritables scènes religieuses,
représentant la Sainte Famille et son environnement.
Ainsi celui de Reims : "Deux groupes de statuettes, la
Sainte Famille et les Rois Mages défilaient devant la
Vierge." (Chapuis et Gélis "Le Monde des Automates",
étude historique et technique", Éditions du
Griffon, 1928). Religion mais aussi codification symbolique
du monde astral, de nombreuses horloges monumentales
offriront aux badauds signes du zodiaque, calendrier lunaire
ou cours ptoléméen des planètes ...
Le
jaquemart :
Cur de la Cité
La présence d'un beffroi à jaquemart assurait
la réputation d'une cité
médiévale. Véritable spectacle
populaire, le ballet régulier des personnages, le
mystère des nombreux calendriers attire le chaland
prêt à la dépense. Pour exemple la
cathédrale de Wells, construite en 1392 : "Des
cadrans indiquaient l'heure, l'âge et les phases de la
Lune. Face à celle-ci, se tenait un Phébus,
symbole du Soleil. Un autre cadran était muni d'une
grande et d'une petite aiguille concentrique, la seconde,
ornée d'un Soleil faisant le tour complet en
vingt-quatre heures. Au-dessus, dans une niche, deux groupes
de deux chevaliers en armure venaient à la rencontre
l'un de l'autre; au moment où la cloche sonnait
l'heure, l'un deux était
désarçonné, puis une fois hors de vue,
se remettait en selle. Un personnage en uniforme, Jack
Blandifet, sonnait chaque heure de son marteau, mais
frappait les quarts d'heure de ses talons sur deux cloches
plus petites" ("Les Découvreurs", Daniel Boorstin,
Seghers, 1986). Plus important, les cloches avaient un
véritable rôle social en assurant la diffusion
des informations (alarmes, catastrophes,
réjouissances ...) et l'ornementation des horloges
apportait des indications pour la vie quotidienne. En 1473,
un visiteur de Mantoue déclarait que l'horloge
indiquait "la période la plus propice pour pratiquer
une phlébotomie ou une opération chirurgicale,
confectionner une robe, cultiver la terre, entreprendre un
voyage, ainsi que pour quantité d'autres choses fort
utiles en ce monde". ("Les Découvreurs", Daniel
Boorstin, Seghers, 1986)
Il existe
en France environ une vingtaine de jacquemarts
:
Strasbourg, Besançon, Aigueperse,
Romans-sur-Isère, Thann, Auffay, Lyon, Feurs,
Molsheim, Clermont-Ferrand, Compiègne, Benfeld,
Montbard, Lambesc, Montdidier, Moulins, Beaumont-le-Roger,
Cathédrale
de Saint-Omer
...
Jaquemart, une étymologie ... au choix
Parmi les plus courantes : "Jacques du Marché",
"Jakemar" ou "Djakemar" (guerrier suisse vêtu d'une
cuirasse) Jacques Marc, nom générique pour
désigner les guetteurs de beffroi ou "Jacques au
Marteau".
Au XVIIIe, A. Furetière suppose que
l'origine du nom serait celui de l'inventeur, un ouvrier
Jacques Marc, mécanicien flamand, qui construisit le
jaquemart de Courtrai ou Jacques Marc de Bourbon,
connétable de France sous le règne du Roi Jean
et grand guerrier.
A la même époque, G. Ménage,
étymologiste indique que le terme proviendrait de
"jaque", sorte de cotte de maille et aurait
désigné tout homme vêtu d'une jaque de
maille à l'image des automates de beffroi.
Pour J.B Baudou : il s'agit du nom du mannequin
utilisé par les archers et les arquebusiers comme
cible lors de leurs entraînements.
... Et une
orthographe incertaine
De ses multiples influences, l'orthographe de "jaquemart"
varie selon les époques et les régions.
On peu ainsi rencontrer : "jaquemart", "jacquemart",
"jacquemard", "jacomard". A noter que les dictionnaires
actuels privilégient les deux premières
écritures.
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* Source
: autrement-dit
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www.aigueperse.net
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