Issu
d'une famille de 3 enfants (Gustave et Germaine),
Henri-Louis DIOT est né à Gannat le 3 avril
1908.
Dessinateur industriel.
Avec son épouse, adeptes du
Parti Communiste Français (très proche de
Jacques Duclos et de Maurice Thorez).
Syndicaliste à la
CGT.
Pendant la guerre 1939/45, il est
maquisard en Savoie et fut fait prisonnier en Allemagne,
évadé 2 fois.
Élections législatives
de 1936, Henri Diot est candidat communiste sur Riom
Combrailles.
Secrétaire des métaux
CGT, il sera l'un des animateurs de la Résistance
dans le Puy-de-Dôme et notamment dans sa région
d'origine et sera l'un des dirigeants communistes à
la Libération dans le département.
En Combrailles, où sa
popularité de syndicaliste l'avait conduit à
obtenir un score remarquable, la période de la guerre
sera marquée par le développement d'une
activité résistante particulièrement
intense, notamment dans ce que l'on finit par appeler
"l'usine du maquis", la société Aubert et
Duval, située aux Ancizes-Comps dans le canton de
Manzat.
Après la guerre, il prend un
portefeuille assurance l'Abeille (3
départements : Allier, Cantal et
Puy-de-Dôme).
Il est aussi administrateur de la
Sécurité sociale (Riom). Pendant cette
activité, en 1946, il a fait transformer en maison de
repos et de convalescence "Le
grand hôtel de la Compagnie des chemins de fer
d'Orléans"
(aujourd'hui Centre
médical Docteur Maurice Delort)
à Vic-sur-Cère (Cantal).
Il a participé à
l'accueil de Youri Gagarine lors de sa venue à
Clermont-Ferrand.
Il installe le Secours populaire
à Aigueperse dans les années
1950/60.
Il est décédé le
26 mars 1968 à l'âge de 60 ans. Il repose au
cimetière d'Aigueperse.
Ses loisirs : pêche, chasse, tir
au pigeon d'argile.
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Henri
Diot est né à
Gannat (Allier), alors sous-préfecture au sud du
département. Son père était
employé de chemin de fer, tout comme son
grand-père. Sa mère était
couturière.
Très jeune il adhère aux
idées communistes et milite dans le mouvement
syndical. Au début des années 1930, alors
qu'il exerçait le métier de dessinateur
industriel, il déploie une grande activité
pour implanter les syndicats CGTU parmi les travailleurs de
la métallurgie dans la région de Riom-Gannat.
Après avoir un temps été chef de
travaux chez Michelin, il est employé à
l'usine La Fayette, de la Compagnie des Signaux, à
Riom. Son action lui vaut de connaître la
répression patronale pour fait de grève.
Licencié, il retrouve du travail à
l'entreprise Guillaume, à Clermont-Ferrand. Cette
entreprise était spécialisée dans la
chaudronnerie.
A côté de son action
syndicale, Henri Diot mène une activité
politique intense. C'est après le 6 février
1934 qu'on voit son nom apparaître dans l'hebdomadaire
régional du PCF. Le 12 février 1934, avec son
ami communiste et gannatois Marcel Gire, il organise
un meeting spontané dans les rues de
Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier) devant plusieurs
centaines d'ouvriers et paysans. Il crée quelques
jours plus tard le Comité antifasciste de Gannat et
le 21 mars 1934, il mène avec plusieurs centaines de
paysans une action pour s'opposer victorieusement à
la tenue d'une réunion des Camelots du roi à
Chantelle, près de
Saint-Pourçain-sur-Sioule.
Pour avoir refusé
dinsérer un droit de réponse dans le
journal La Voix du Peuple suite à un article
citant les noms de plusieurs habitants de Cusset (Allier)
comme Croix-de-Feu ou Camelots du Roi, et un autre
dexploiteur des paysans, Diot, en tant que
gérant, fut condamné pour refus
dinsertion mais linjure nest pas
reconnue.
Dès 1936, il appartient
à la direction fédérale du PCF du
Puy-de-Dôme. Il est alors le gérant de
l'hebdomadaire communiste de l'Allier et du
Puy-de-Dôme, La Voix du Peuple. En mars 1938,
il est l'un des 8 membres du Bureau
Régional.
En avril 1936, il est candidat du
Parti aux législatives dans la circonscription de
Riom-Montagne, le bastion d'Alexandre Varenne, la
principale figure du socialisme départemental depuis
le début du siècle. Diot profite des
divisions entre socialistes et varennistes (Varenne a
été exclu de la SFIO en 1933) pour faire
passer les voix du PCF de 751 en 1932 à 4239. Avec
25% des suffrages exprimés, c'est un score historique
pour le PCF dans un département où il n'a
jamais pu s'implanter face au socialisme.
Après l'invalidation de
l'élection, Diot fut de nouveau
désigné par le Rayon des Combrailles et le
Parti espérait bien emporter ici son premier
siège de député. Mais finalement, c'est
un socialiste qui l'emporte, Varenne ne
s'étant pas représenté.
En
1936, il joue un rôle de premier plan dans le
développement de la grève revendicative de la
métallurgie qui dure 27 jours en juillet et rassemble
plus de 3000 ouvriers. Dès le début septembre,
le syndicat départemental de la métallurgie
élit Henri Diot comme secrétaire,
permanent du syndicat. Sur les 1439 votants, il obtient 1083
voix contre 330 à Métayer, l'ancien
responsable du syndicat, l'un des anciens dirigeants
ex-confédérés de l'UD. D'importants
conflits naissent au sein du syndicat entre ex-unitaires et
ex-confédérés qui contestent la
désignation de Diot, le vote des statuts.
Finalement, Métayer est exclu début
1937 et Diot est à la tête d'un syndicat
passé de 69 adhérents au 1er janvier 1936
à 2180 un an plus tard. Il est également
membre du Conseil national de la Fédération de
la métallurgie et a notamment pris une part active en
1936 à l'élaboration de la convention
collective nationale de cette industrie.
Diot devient par ailleurs
membre du bureau de l'Union départementale CGT,
encore dirigée par un socialiste, Raymond
Perrier. Il prend régulièrement la parole,
dirige les grèves de l'été mais aussi
et surtout de l'automne 1936 avec le long conflit d'un mois
des 8000 couteliers et assimilés de Thiers et sa
région. Puis c'est le dur conflit de la
câblerie de Riom toujours à l'automne 1936, qui
se solde par une défaite. Il est
considéré par la direction nationale comme un
bon orateur et comme un dirigeant jouissant d'une
très grande estime des ouvriers.
A partir de juin 1936 jusqu'à
1939, Henri Diot est l'une des principales figures du
mouvement ouvrier départemental à
côté de Robert Marchadier, le leader
charismatique des CGT Michelin, lui aussi militant
communiste. Diot apparaît comme le principal
porte-parole des militants ex-unitaires lors du
congrès de l'UD en juin 1937.
Diot s'exprime à
plusieurs occasions sur l'unité techniciens-ouvriers.
Il se félicite que les cloisons étanches
soient en voie de disparition entre l'exploité en
cotte bleue et celui aux mains propres. Ces
déclarations ne constituent pas seulement des
formules lancées en public pour prouver la
solidarité ouvrière. Les réunions du
syndicat des métaux font également
apparaître ce souci d'amener les techniciens et
employés "à une émulation pareille
à celle des ouvriers".
Il est réélu à
l'unanimité pour siéger à la commission
exécutive fédérale lors de l'AG du 3
novembre 1938 puis participe au congrès national de
la CGT à Nantes. Il est désigné le 22
novembre pour être délégué au
congrès de la fédération qui se tient
début décembre.
Au lendemain de la grève
générale du 30 novembre 1938, plusieurs
centaines d'ouvriers sont lock-outés et les syndicats
appellent à la résistance, en particulier
Diot chez les métallos. Mais dans plusieurs
sections, certains syndiqués ont repris le travail,
en particulier les cadres. A partir de cette date, plusieurs
sections syndicales sont absentes des instances du syndicat.
Le 28 décembre 1938, "Diot examine la
situation du syndicat des métaux et la vie des
organisations qui le composent. Un gros effort doit
être accompli pour le placement rapide des cartes de
1939 et une action d'ensemble est indispensable pour
remonter les sections défaillantes. Il faut s'y
attacher au plus vite si l'on ne veut pas connaître de
larges effritements". Ce document montre les
difficultés et tensions nées en particulier
après l'échec de la grève du 30
novembre 1938, ce que les communiqués de presse des
syndicats ne laissent à peu près pas
transparaître. En février 1939, Diot
affirme que "les sections ne vivent pas, l'argent ne rentre
pas et tout cela créait des difficultés de
trésorerie insurmontables pour le syndicat si la
situation ne change pas. Il faut prendre une décision
immédiate : un permanent doit partir."
Delaire, le second permanent avec Diot, se
porte volontaire pour partir. La décision est
repoussée.
Diot devient
délégué permanent de la 10ème
région fédérale à l'issue du
congrès national de la métallurgie
début décembre 1938. Il est ensuite
délégué au congrès de l'UD du 23
avril aux côté de 9 autres
métallos.
Le 13 avril, Diot soutient la
décision de la direction nationale de la CGT de ne
pas faire du 1er Mai obligatoirement un jour
chômé dans la situation présente.
Plusieurs délégués protestent contre ce
qu'ils qualifient de "recul de la CGT". Diot et le
syndicat sont simultanément déboutés de
leurs démarches contre les lock-outés suite au
30 novembre 1938 et dans leurs démarches pour une
nouvelle classification des salaires dans la convention
collective. Dans le même temps, des sections
syndicales n'ont plus aucune activité. Sur toute
cette période de fin 1936 à fin 1939, les
procès-verbaux des instances du syndicat montrent que
Diot tient une place centrale à la direction
du syndicat, avec comme principal adjoint
Delaire.
C'est Diot qui mit son ami
d'enfance, Alphonse Rozier, en contact avec Guy
Périlhou, le secrétaire
fédéral du Parti, vers 1938. Cette rencontre
est à l'origine l'engagement de Rozier
auprès du PCF sous la clandestinité, l'amenant
à la direction du Front national (PCF) sous
l'Occupation, dans le Puy-de-Dôme.
En 1939, mobilisé dans une
unité d'artillerie antichars, Diot est fait
prisonnier en juin 1940 et interné en Allemagne. Il
s'évade en février 1942 du stalag 3 D à
Berlin et rejoint bientôt le maquis de la Chamba
(Loire) avant de devenir le responsable des FTPF pour la
région de Saint-Étienne. Diot en jette
les bases en juin 1943 du camp Vaillant-Couturier, la
branche maquis du bataillon FTPF du Roannais. Puis, sous les
pseudonymes de commandant Laurens et
commandant Renaud, il est nommé chef
départemental des maquis de Haute-Savoie où il
participe notamment à la libération de
Chambéry.
A la Libération, il se voit
confiée la charge d'aider à la reconstruction
des syndicats dans plusieurs départements du Massif
central. En 1945, il est désigné comme adjoint
du secrétaire de l'Union départementale CGT du
Puy-de-Dôme, l'ex-confédéré
Raymond Perrier, et le resta jusqu'à
l'élection de Robert Marchadier, lors du
congrès de l'UD 63, le 1er février 1947. Il
est alors désigné secrétaire
administratif, en tant que permanent, et reste membre du
bureau de l'UD 63 jusqu'en 1953.
Il semble au regard des documents
internes du PCF mais aussi du témoignage de
Georges Albaret, que Diot quitta la direction
de lUD en raison de lattitude du
secrétaire, Robert Marchadier qui le
critiquait régulièrement et qui rendait le
travail difficile. René Dumont évoque
lui plutôt un départ poussé par la
direction du Parti, notamment parce que Diot avait pu
développer des positions au Comité
fédéral jugées socio-démocrates.
Il avait de nouveau été réélu au
bureau fédéral en juin 1945, renouvelé
en 1946.
Lors
de la création de la Sécurité sociale,
en raison de sa très bonne connaissance des dossiers
les plus difficiles, Henri Diot est chargé de
l'installation de la Caisse régionale dont il fut le
premier président provisoire de mai 1945
jusqu'à mai 1947, date des 1ères
élections. Il mène la liste de la CGT mais il
est battu par la coalition CFTC-Liste mutualiste
menée par l'ex-confédéré
Raymond Perrier.
C'est un camouflet pour Diot
puisque si la CGT arrive en tête avec 11 élus
sur 18 pour les représentants des salariés, il
arrive dernier par le jeu des panachages et noms
rayés. Diot avait été l'objet
d'une campagne virulente lui reprochant de percevoir des
traitements importants des organisations syndicales et de la
Sécurité Sociale. Il fallut que plusieurs
élus CGT, ex-unitaires mais aussi
ex-confédérés, acceptent de
démissionner pour que Diot puisse être
réintégré au Conseil d'Administration.
Diot fut une nouvelle fois battu en se
présentant pour le siège de président,
ne bénéficiant que des voix des
ex-unitaires.
Il siège par ailleurs au
Conseil supérieur de la Fédération
nationale des organismes de Sécurité sociale.
Devenu inspecteur divisionnaire au groupe des compagnies
d'assurances "Le Soleil-l'Aigle", après y
être entré grâce à Marius
Marchat, il continua de siéger au conseil
d'administration de la Caisse primaire de
Sécurité sociale dont il reste
vice-président jusqu'en 1967. En outre, il
était membre de lHarmonie
ouvrière de Clermont-Ferrand dont il était
président en 1965.
Henri Diot est décrit
comme une puissante personnalité, un militant
fidèle et courageux mais aussi un chaleureux
compagnon de luttes. Il s'était marié une
première fois en 1928 avant de divorcer en 1943. Il
se remaria en septembre 1945 à Clermont-Ferrand avec
Jeanne Combe qui fut une militante connue à la
CGT mais aussi au PCF dont elle fut membre du Bureau
fédéral du Puy-de-Dôme sous le nom de
Jeanne Diot dans les années
1950.
Il avait un fils.
Henri Diot est mort le 26 mars
1968, à Aigueperse (Puy-de-Dôme).
  

Tombe de Henri Diot au cimetière d'Aigueperse -
Photos Jean-Claude
Merle
Sources
:
- http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article181800,
notice DIOT Henri Louis (pseudo commandant Laurens et
commandant Renaud) par Éric Panthou, Louis Botella,
version mise en ligne le 17 juin 2016, dernière
modification le 03 octobre 2021.
- Éric Panthou,
L'Année 1936 dans le Puy-de-Dôme,
maîtrise histoire, Université Clermont 2, 1994
; Roger Champrobert, Henri Diot. Note manuscrite
rédigée à partir de renseignements
communiqués par Henri Malterre, circa 1995, 2
p. (archives Roger Champrobert, Clermont-Ferrand) ;
manuscrits d'Alphonse Rozier sur l'origine de son engagement
auprès du PCF en 1939 et durant l'Occupation
(Archives Alphonse Rozier, Clermont-Ferrand) ;
Procès-verbaux des bureaux de l'UD CGT ; Extrait de
naissance de Henri Diot ; notice nécrologique parue
dans le quotidien La Montagne, le 27 mars 1968 ; Dossier
d'homologation FFI GR 16 P 18623 (service historique de la
Défense) ; Le Cri du Peuple, organe hebdomadaire des
Ouvriers et Paysans de la Région de l'Auvergne,
publié par le Parti Communiste (1934-1935) ;
René Gentgen, "La Résistance dans le
département de la Loire, sa place en région
lyonnaise", in. Le Forez et les Foréziens dans la
guerre et la Résistance (1939-1945), Cahiers de
Village de Forez, n° 62, avril 2009, p. 25-41 ;
Mireille Teissedre, La vie économique, sociale,
politique du Puy-de-Dôme en 1947, mémoire
maîtrise Histoire, Université Clermont-II,
1982, p. 67-69.-Fonds de la Section Française de
l'Internationale Communiste : cote 517-1-1819 :
Comité régional du Puy-de-Dôme, 26
juillet 1936, Guilleminault. PV des Conseils syndicaux du
syndicat de la métallurgie du Puy-de-Dôme, du
28/12/1938, (archives de l'UD CGT 63).- RGASPI : Fonds de la
direction du Parti Communiste Français : 1936 : cote
517_1_1815. Au Secrétariat. Objet. L'élection
complémentaire de Riom-Montagne. Signé J.
Néron, secrétaire régional, le 23 juin
1936.
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